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Apprendre, une joie aussi indispensable que respirer.
Access Réussites est né d’une première expérience avec la création de Management&Handicap en 2007, car j’utilise les valeurs du handicap au profit du management : Persévérance, Méthode, Ingéniosité, Innovation, Risque.
L’objectif est d’accompagner les RH, les Missions Handicap, les managers à l’intégration et au maintien à l’emploi des salariés en situation de handicap.
J’ai à cœur d’accompagner les personnes et les organisations sur la voie de l’acceptation et de l’authenticité. Si ce qui fonctionne et aide la personne handicapée, aide à fortiori les autres.
La situation de Handicap nous met en disposition d’apprendre et d’avancer, de s’améliorer par une remise en question.
De ma rencontre en 2014 avec la psycho-pédagogie positive®, j’étends mon expérience au profit des parents, des enfants, des institutionnels de l’enseignement et des entreprises qui souhaitent accompagner les situations de handicap autrement que sous l’angle de l’obligation législative.

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Une Canne Blanche apprivoise le Chemin de Compostelle en 100 jours et 1750km

Partir vers Compostelle à pied, depuis Méry(18)  un désir qui fait son chemin depuis deux ans.

A l’idée d’une aventure, les questions fusent : pourquoi Compostelle ? quand y aller ? quel chemin emprunter ? Combien de temps faut il pour atteindre Compostelle ? comment y aller ? d’où partir ? avec qui ? comment justifier au monde professionnel, une telle absence ? où dormir ? quoi emporter ? Et Si… Et si et si si Compostelle était mis en bouteille ?

Ces questions, toutes plus pertinentes les unes que les autres, ne trouvent pas de réponses parce que les seules qui comptent à mon coeur sont :

Qui es-tu ? je suis Catherine, ma vie depuis 50 ans est une succession d’émerveillements, de rebondissements, de traversées chaotiques, d’efforts récompensés et surtout de rencontres merveilleuses. La Vie me gâte parce que je le veux bien.

Que veux tu ? Tel l’enfant qui revisite sa chambre, ses jouets, ses souvenirs heureux, je veux retrouver cet état de grâce de l’émerveillement. Je veux renouer avec cette nature pluri-merveilleuse, reconquérir par l’effort de la marche l’intimité si vraie que procure la communion avec la nature.

Je veux quitter cette robe de tristesse du bien pensant, du regard des autres, du il y a … faut qu’on…, de mes diktats de l’efficacité et de la rentabilité. Je veux me faire du bien pour retrouver cette énergie et cet amour liquéfiés à force d’obligations professionnelles, familiales. Je veux prendre le temps d’un coeur à coeur avec Dieu, Jésus Christ fait Homme, que j’aime, auteur de la Vie. Etre dans la Louange simplement pour devenir louange et gratitude à la Vie.

Aller à Saint Jacques de Compostelle est donc tout trouvé. Comme la Vie, Compostelle est tout à la fois chemin et but. Être en chemin pour se laisser ravigoter au fil des étapes. Les réponses à ces deux questions donnent sens à notre détermination et partir est une évidence. « Certains s’arrêtent parce que la maladie les y oblige, et bien moi, je m’arrête parce que je veux aller mieux, je veux rester en bonne santé». Mes Clients partagent.

Le 16 juin, 9H, Sylvain et moi, quittons notre maison, remettant la clé à notre voisine. Il fait très chaud, l’ombrage du canal de Berry nous encourage de sa fraicheur et du bruissement des peupliers telle une haie d’honneur : l’atmosphère est pénétrée de quiétude. La vie des insectes qui grouillent, le froissement de l’herbe sous nos pieds fait écho à notre joie de nous mettre en chemin.

A bientôt Méry et Mariaciens : nous pensons bien à vous !

Tranquillement en trois jours, prudents sur l’usage de nos pieds, nous arrivons à Bourges pour rattraper le chemin dit de Vézelay : enfin nous voilà pèlerins : notre crédencial est tamponnée pour la première fois. Notre première étape avec balisage jacquaire me transporte d’excitation.

Quatre jours de marche et le pli des habitudes scande déjà nos journées. Le matin faire le sac avec son plein d’eau, piqueniquer ou s’arrêter à un bistrot de campagne, parfois une sieste, trouver où dormir à l’approche de l’étape, tout cela agrémenté d’une petite distance, 15 à 18 km pour ces débuts. Le chemin, avec la canicule, nous   fait goûter les choses les plus simples comme des oasis : un peu d’ombre, marcher sur un chemin de terre plutôt que sur le bitume, se voir offrir de l’eau, se rafraîchir d’une menthe à l’eau, s’entendre encouragés par un « buen camino » d’une automobiliste, voilà qui nous transporte de joie et nous fait goûter le précieux de la vie.

Cette première semaine de marche nous semble bien courte et nous sommes bienheureux de cette perspective de quelques semaines encore… Il faut du temps pour se déraciner de ses habitudes, s’alléger des pensées obsédantes, de nos préoccupations ! La menthe toujours présente nous soutient par son parfum frais à toute heure de la journée. Les ronces et les orties qu’on évite de frôler témoignent de leur présence tel un fil vert jusqu’à Saint Jacques. De même, le figuier et le noyer nous donnent leur ombre et leurs fruits du début jusqu’à la fin du chemin.

Heureusement aussi que l’architecture des maisons scande nos journées et nous transporte dans l’histoire et l’identité culturelle de chacune des régions traversées. Jolie France que peuvent envier les Espagnols. Nous admirons plus de différences sur 100 km français que sur 900 km espagnols. Les rencontres de jeunes, rares au départ, se font de plus en plus fréquentes au fil des kilomètres , puis denses à Saint Jean pied de Port et Irun. Plus nous croisons des nationalités du monde entier plus nous savons que nous approchons de Saint Jacques. Nous partageons autour d’un café au lait, d’une tortilla, d’un verre de cidre et de tapas, nos ressentis, nos joies nos astuces pour trouver où dormir tantôt en anglais tantôt en espagnol pour se faire comprendre d’un coréen, d’un allemand, d’une polonaise, d’une américaine et des nombreux espagnols. Sont ils chrétiens ? Israelites, protestants, athées, en recherche. L’épicier du coin, en quatre pour préparer nos piqueniques, nous encourage vivement et nous promet de partir un jour aussi en pèlerinage mais vers la Mecque : Rires et bonne humeur contagieuse. Le monde entier se retrouve et bâtit la paix tel ses vergers abritant tant un pommier, un figuier, un oranger, un prunier, un kiwi profitant du même soleil, et donnant du fruit à sa mesure et en son temps.

D’où viens-tu ? Comment t’appelles-tu ? Depuis quand marches-tu ? se posent aisément même avec les mains et le sourire quand la langue fait obstacle. Mais chacun respecte le pourquoi du Camino de chacun. De pas en pas, d’essoufflement en essoufflement, notre compagnon de route d’un jour ou plus se dévoile. Réfléchir à un changement de carrière, revivre après une séparation, un veuvage, s’occuper utilement alors que la maladie paralyse la vie sociale,… j’écoute, et nous nous émerveillons ensemble du bonheur procuré par ce chemin.

Le moral est excellent. Jamais l’envie de rentrer nous a traversé l’esprit. Ce Camino, nous l’aimons, nous le chérissons. Nous le suivons et lui nous façonne ! Chemin d’efforts et de récompenses quotidiennes. Sylvain préfère les montées aux descentes. Moi, je préfère le plat. Sylvain est sportif, moi guère. Je peste, je souffle quand les dénivelés s’annoncent, me sentant piégée par la double peine. En plus de mes pieds qui s’éclairent de quelques ampoules, et ma cheville fragilisée par des entorses, mes yeux, eux, sont atteints de strabisme divergent : un oeil pour les pieds de Sylvain et un autre pour les miens. Se perdre : oui cela nous arrive avec du coup des rallonges jusqu’à 5 km ! Mais le plus cocasse, c’est d’essayer de sortir d’une ville sans indication de noms de rues. Le balisage Compostelle n’est pas régulier. Sylvain très logico-rationnel avec sa moitié intuitiveémotionnelle, ça donne de curieuses scènes très proches du célèbre duo Bourvil/De Funès dans la grande vadrouille quand De Funès se retrouve sur le dos de Bourvil. Qui est l’un et qui est l’autre, je vous laisse imaginer. Le Camino, à 80% bitumé en France, devient plus escarpé en Espagne. Nous empruntons le chemin du Nord, celui qui suit la mer pour ensuite bifurquer par Oviedo dans les terres et vers la montagne des Asturies et de Galicie. Notre rythme avoisine toujours les 20 km de moyenne avec des pointes de 28 ou 33 km. L’Espagne nous offre toutes les saveurs de sa Mer Cantabrique : nous participons aux fêtes le temps d’un déjeuner ou d’une nuit en musique sans fermer l’oeil, ou d’un bain de foule, une bière à la main. Les bars sont nombreux sur notre chemin et l’occasion rêvée de savourer quelques spécialités : tels que les zamburinas (coquilles saint Jacques) à la plancha ! Par deux fois le chemin s’arrête après des kilomètres sur une plage de surfeurs et de baigneurs ; une barque à moteur prend le relais de nos pieds fatigués. Pèlerins modernes, nous savourons ce transport millénaire : nos coeurs vont à ceux qui nous ont précédés depuis des siècles ! Ce Camino, c’est aussi une histoire qui se déroule telle un tapis par la présence de ses églises et de ses « hôpitaux » pour pèlerins. Le Moyen-Age prenait soin des pèlerins de l’Europe entière. L’héritage de cette hospitalité est de mise : partout il est relativement facile de se trouver un lit : certains vont pour la belle étoile, d’autres, comme nous, vont pour une chambre d’hôte ou dans une « pension ». Depuis la petite école transformée en gîte, à la salle des fêtes aménagée pour accueillir quelques pèlerins, à la salle de judo mettant à disposition ses tatamis, à l’auberge de jeunesse style Mansard au bord de la mer, à l’ancienne ferme du château du Village, le Camino se mobilise.

Mais l’important est de repartir, tout quitter, pour s’abandonner à la magie de l’étape du jour : un paysage de paradis, des vaches, des chèvres en liberté au bord d’une falaise, une portée de jeunes chats joueurs en quête de quelques câlins, un fermier espagnol nous offrant des pommes, une dame nous cueillant des figues, un chien nous apportant une pierre en guise de balle, des poulains et leur mère nous encourageant de leur frêle démarche… La magie c’est aussi de retrouver attablés devant une tortilla des pèlerins perdus de vue depuis huit jours. Un moment de pur communion autour d’un chant de John Lennon avec ‘Yesterday’ entonné par tous et accompagné d’une pèlerine au ukulélé. Comment ne pas être émue aux larmes ? Ces fatigues, jour après jour, ont la vertu de labourer, creuser, vivifier nos coeurs.

Peu à peu, nous passons du comptage au décomptage des kilomètres. On sent l’approche de Compostelle. Ces beaux moments de dépouillement que la montagne nous offre moyennant quelques longues montées vers des sommets de 1200 m, je veux les retenir. Mais que serait le bonheur, s’il devait être permanent. Le Camino me rappelle que le bonheur se traverse tout autant que les épreuves. Les deux sont nécessaires pour transformer nos vies en une belle histoire. Je savoure tant que je peux ces parfums de pins, de châtaigniers, de pommiers, ces couleurs chatoyantes de la bruyère, du genêt jaune, mais aussi ces paysages de la forêt envahie par la brume, ces mystérieuses lumières du matin faites d’ombres et de soleil naissant. Oui je savoure une fois encore pour rendre ce que mon pauvre coeur dans ses limites peut exprimer par des louanges de la beauté qui m’émerveille. Dans la campagne silencieuse du petit matin, le galop sourd d’une jument et de son poulain frappe l’herbe de la prairie fleurie : leurs hennissements traversent l’air de la campagne : mon coeur s’éprend de leur liberté : je m’émeus et je pleure de goûter cette joie de la vie.

Plus que 100 km, 80, 20 km nous séparent de Saint Jacques. Les bornes jacquaires défilent…le pas se fait douloureux et la pluie s’invite. Les derniers gîtes nous réunissent nombreux autour d’une soupe bien salée. Nous échangeons sur nos chemins. Chacun a sa manière de progresser : à vélo, seul, en groupe, pour la deuxième fois, ou la onzième fois, en tronçons, en entier…,jeunes ou moins jeunes,… les langues des amoureux du Chemin se délient plus que jamais. Eh bien nous nous ne sommes pas qu’un peu fiers de venir directement de Méry sur Cher en une seule traite… et de plus, scotchés que nous sommes par la blanchette…(la canne blanche de Sylvain)

 

C’est le jour J : il bruine, les 22 km qui nous séparent de Saint-Jacques ravivent le souvenir des quelques 1750 km parcourus. Les pieds toujours douloureux, les ampoules de retour, la fatigue prend le dessus. Fort de notre bon entrainement, nous pénétrons dans la ville sainte ce 14 septembre à 13 h, trempés. Jamais je n’oublierai : le son du biniou sous le porche qui mène à la grande place de la Cathédrale résonne encore dans mes oreilles. C’est une fête pour celui qui franchit ce porche après tant et tant de kilomètres, chargé dans son sac de toute son histoire, sa vie. Tous les pèlerins s’accueillent mutuellement, se jettent dans les bras, pleurent, rient et chantent.

Cher lecteur, comme la plupart des « jacquets” sur le Camino vous attendez le pourquoi de cette échappée de 1750 km vers Saint Compostelle sans oser me le demander. Je vais fêter mes 50 ans : c’est un peu un cap, une étape de franchie qui ne revêt rien d’autre qu’un aspect subjectif. Mais c’est l’occasion toute trouvée pour moi, de dire MERCI à la Vie. Tout au long du chemin, j’ai revu avec les yeux du coeur, ceux et celles que j’ai rencontrés pendant ces cinquante années, l’espace parfois de quelques secondes. Ils et elles m’ont apporté un soutien, un témoignage, une éducation, un exemple, un sourire, une parole, un bien être, une présence, un silence, une aide, une prière, un encouragement, un regard, une émotion… tous, d’Afrique, d’Europe, du Moyen Orient ont façonné à leur manière mon humanité, ont influencé mes choix de vie. Ils m’ont permis d’être sensible à leur écoute et à leur présence.

Merci mon Dieu pour tant de rencontres, viens bénir chacun pour qu’ensemble nous allions au bout du chemin de la Vie dont tu nous as fait cadeau.

Merci à mon Sylvain d’avoir partagé cette fête pendant 100 jours et 1750 km . Notre union a fait la force : chacun dans ses ténèbres a été lumière pour l’autre parce que « Caminar es atraversar la noche con Esperanza y descubrir la Verdad de la utopia y la Vida del Amor” Cheminer c’est traverser la nuit avec espérance et découvrir la vérité de l’utopie et la vie de l’amour !.

Ultreia ! Buen Camino !

 

Catherine Nivard

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